L'Echo républicain "Elle chante dans des lieux insolites rencontre avec Veronica Antonelli" (2017)
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Interview - Elle chante dans des lieux insolites, rencontre avec la chanteuse Veronica Antonelli
" La rencontre du patrimoine par l'émotion d'une voix a cappella, au service des lieux, pour les valoriser tout en transmettant le patrimoine immatériel qu'est l'art lyrique. " C'est ainsi que ...
L'Echo républicain "Elle chante dans des lieux insolites rencontre avec Veronica Antonelli" (2017)
Interview
« La rencontre du patrimoine par l'émotion d'une voix a cappella, au service des lieux, pour les valoriser tout en transmettant le patrimoine immatériel qu'est l'art lyrique. »
C'est ainsi que Veronica Antonelli décrit son concept Monuments enchantés. Cette soprano, dont la formation vocale très académique a bercé son enfance, a décidé de se jeter dans un univers totalement farfelu pour les puristes : chanter a cappella dans des lieux plus ou moins atypiques type canyons, fleuves, cathédrales, montgolfières, building… Elle a su convaincre et se retrouve, désormais, demandée un peu partout sur la planète.
Qu'est ce qui vous a fasciné ici, à Chartres, vous qui êtes habituée à aller chanter dans des lieux extraordinaires ? C'est une ville à taille humaine. Ça fait du bien. J'y suis venue la première fois, il y a deux ans, pour visiter la cathédrale. Quand j'ai été contactée par l'office de tourisme de Chartres, j'ai trouvé que c'était une superbe idée de conjuguer la visite guidée au chant. J'ai juste dit qu'il fallait des lieux qui aient une belle acoustique naturelle.
Qu'entendez-vous par une belle acoustique naturelle ? Ça peut être effectivement un lieu fermé. Mais pas seulement. Ça peut aussi être un lieu ouvert. On parle d'écho localisation. La voix fait un trajet comme une vague qui va percuter un contenant et qui revient remplie de ce qu'elle a touché. J'arrive à visualiser le trajet du son, un peu comme les chauves-souris ou les personnes déficientes visuelles. Un lieu naturel comme l'eau est un diffuseur de son, comme certaines matières. Le marbre ou les miroirs renvoient un son dur. Le bois vibre. On pense toujours à une église ou une cathédrale, mais ça peut aussi être une arche d'un pont, la croisée d'un chemin, un canyon…
Avez-vous trouvé une pépite comme cela, à Chartres ? L'église Saint-Aignan en est une. Le son s'y diffuse et y est magique. (NDLR : l'interview a été réalisée avant qu'elle puisse entonner quelques notes dans la cathédrale). L'extérieur du musée des Beaux-Arts sonne, aussi, très bien.
Savez-vous quel répertoire vous allez proposer samedi ? Tout n'est pas encore déterminé. On essaie de travailler sur un répertoire autour de Noël et de la nativité. Généralement, c'est davantage dans le répertoire de l'opéra.
Vous êtes habituée à chanter un peu partout dans le monde. Quels sont les lieux qui vous ont le plus marqué ? Je suis allée chanter à Shangaï, en avril dernier, à la Perle de l'Orient, une tour de télévision. Avec le vide en dessous, au niveau des sensations, c'est extrême. Comme ça tourne, le son circule de manière inhabituelle.
Comment s'est passé votre prestation au Grand Canyon ? J'étais en bas. Ce qui était rigolo – parce qu'il faut que cela m'amuse, sinon ce n'est pas intéressant – c'était d'abord la diffusion de la voie en fonction de la roche et de la terre. Une sensation très différente que lorsque j'ai chanté dans la cathédrale de Syracuse, en Sicile. C'était fou de mélanger ma voix à ce lieu chargé d'histoire.
Comment avez-vous transformé ces expériences en un concept et, in fine, en votre marque de fabrique ? Ça fait vingt-cinq ans que je chante. Claude Nougaro, que j'ai rencontré en 1996, m'avait demandé de chanter pour lui a cappella. Il faut comprendre que lorsqu'on est chanteur lyrique, on nous apprend qu'il faut toujours être accompagné d'un instrument pour chanter. Il m'a poussé à m'affranchir des conventions établies. Cela a mis en moi une graine de quelque chose. J'ai continué à l'opéra, mais j'ai construit quelque chose en parallèle. Au départ, ma professeur de chant me prenait pour une folle. Je lui ai dit que je ne l'excluais pas, mais qu'elle devait venir à ma première. Quand elle est venue dans les Jacobins à Toulouse, elle a adoré.
Propos recueillis par François Feuilleux